12/11/2025

Urgence : comment garder la tête froide et faire la différence ?

Pourquoi agir dans les premières minutes peut tout changer

Chaque année en France, environ 20 000 vies pourraient être sauvées si les témoins savaient comment réagir rapidement en attendant l’arrivée des secours (source : Croix-Rouge française). Ce chiffre m’a toujours frappée. Ce n’est pas une question de magie, ni de diplôme médical : il s’agit simplement d’adopter quelques réflexes accessibles à tous.

La différence, ce n’est pas toujours un matériel d’hôpital ou une injection compliquée. C’est bien souvent le sang-froid, une suite de gestes simples, et la volonté d’aider. Voilà ce que j’observe, jour après jour, aux urgences.

Cet article n’a pas vocation à remplacer une formation. Il est là pour donner des clés concrètes. Pour que chacun se sente moins démuni face à l’imprévu.

Le fil conducteur : sécurité, alerte, action

En urgence, le cerveau va parfois plus vite que les mains. Alors mieux vaut avoir en tête une trame, comme un fil d’Ariane :

  • 1. Observer et protéger
  • 2. Donner l’alerte
  • 3. Agir dans l’attente des secours

1. Observer et protéger : prendre une seconde pour mieux aider

La précipitation, c’est une réaction humaine. Mais avant de s’élancer vers la personne qui va mal, on regarde. C’est une priorité souvent oubliée.

  • Sécuriser la zone. Un accident de la route, un malaise sur un chantier, une chute près d’un fil électrique… Il faut toujours vérifier qu’on ne risque pas de s’exposer (ni d’aggraver la situation). C’est instinctif pour un professionnel, mais chez soi ou dans la rue, on n’y pense pas assez.
  • Évaluer d’un coup d’œil. Qui est en danger ? Combien de personnes sont concernées ? La semaine dernière, une maman m’a expliqué qu’après la chute de sa fille à vélo, elle s’est rendu compte que son fils, resté sur la route, était aussi en danger à cause de la circulation.

2. Donner l’alerte : le plus vite possible

On croit souvent qu’il faut d’abord “voir si ça passe”. Mais dans la majorité des situations, il vaut mieux alerter les secours au plus tôt. Perdre du temps peut aggraver l’état de la personne, ou retarder la prise en charge.

  • En France, composez le 15 (Samu), 18 (pompiers), ou le 112 (numéro européen d’urgence).
  • Précisez l’adresse, le nombre de personnes, l’état apparent de la victime (consciente ou non, respire ou non, saigne beaucoup…)
  • Ne raccrochez jamais en premier. Les opérateurs peuvent guider sur les gestes à faire en attendant.

Un papa croisé aux urgences, très calme malgré la panique autour de lui, m’a confié avoir utilisé un kit d’urgence vu à l’école pour expliquer clairement la situation aux secours. Résultat : une intervention plus rapide et adaptée.

3. Agir en attendant les secours : les gestes qui sauvent

On se sent parfois impuissant. Pourtant, chaque minute compte. Voici une liste de réflexes à garder en tête, selon les situations courantes.

Situation Gestes à avoir
Saignement abondant
  • Appuyez fortement sur la plaie avec un tissu propre.
  • Allongez la personne pour éviter qu’elle ne perde connaissance.
  • Ne cherchez pas à retirer des objets plantés dans la plaie, cela peut aggraver le saignement.
Étouffement
  • Si la personne tousse, encourager la toux : c’est le signe que de l’air passe encore.
  • Si elle ne peut plus parler ou respirer : 5 tapes fermes entre les omoplates.
  • Si ça ne suffit pas : manœuvre d’Heimlich (comprimer l’abdomen juste sous les côtes, vers vous).
Malaise (perte de connaissance, inconscience)
  • Parlez fort, secouez doucement l’épaule pour tester la conscience.
  • Si respire : basculez en position latérale de sécurité (PLS).
  • Si ne respire pas : allongez sur le dos, commencez un massage cardiaque (appuis rapides et fermes au centre de la poitrine) et demandez un défibrillateur si possible.
Brûlure
  • Faire couler de l’eau fraîche (pas glacée) sur la zone brûlée, au moins 10 minutes.
  • Retirer les vêtements autour, sauf s’ils collent à la peau.
  • Ne jamais percer les cloques ni appliquer de corps gras.
Traumatisme (chute, choc)
  • Ne déplacez pas la personne si une atteinte à la colonne vertébrale est possible (chute de hauteur, choc violent).
  • Immobillisez le membre blessé, par exemple à l’aide d’un vêtement roulé.

Réagir face à l’urgence : quelques situations du quotidien

À la maison : cuisine, salle de bains, escaliers

Ce n’est pas toujours dans la rue ou lors d’accidents spectaculaires que le secours s’avère vital. Les statistiques de l’INSEE montrent qu’environ 61% des accidents de la vie courante surviennent à la maison (chutes, brûlures, coupures…).

  • Coupure en cuisine : Appliquer tout de suite un tissu propre et comprimer plusieurs minutes. Si le sang traverse, rajouter une épaisseur sans enlever la première.
  • Chute dans la salle de bain : Toujours demander si la personne a mal à la tête, à la nuque, s’il y a un trouble de la conscience. Si malaise suspect, on ne la relève pas brutalement.
  • Brûlure lors d’un repas ou d’une activité : Égoutter immédiatement la zone sous l’eau, puis recouvrir d’un tissu propre, et surveiller.

À l’école ou au sport

Un accident de ballon, une morsure de guêpe à la récré… Quand cela arrive, on hésite souvent entre "appeler les parents" ou "laisser passer".

  • Étouffement à la cantine : En cas de doute sur la respiration, agir vite (voir étape plus haut). Les gestes d’urgence enfant diffèrent peu de ceux pour adulte, mais la pression doit rester adaptée.
  • Allergie alimentaire : Surveiller les signes de détresse (respiration sifflante, gonflement des lèvres ou de la langue). Si la personne a une trousse d’urgence (stylo auto-injecteur d’adrénaline), l’utiliser sans attendre. Selon l’association Asthme & Allergies, 60% des réactions allergiques sévères chez l’enfant surviennent à l’école ou au domicile.
  • Choc à la tête lors du sport : Si perte de connaissance, nausée, vomissements ou confusion, les secours doivent être appelés. Mettre la personne au repos strict en attendant.

En voiture, sur la route

  • Accident de la route : Porter un gilet, baliser la zone (triangle), ne pas déplacer les blessés sauf danger immédiat. Vérifier la conscience et la respiration. Le Samu (15) précise que, sur autoroute, les témoins sont le premier maillon de la chaîne de survie.
  • Enfant oublié dans une voiture chaude : Briser la vitre en cas d’urgence avérée, alerter immédiatement les secours. En été, la température à l’intérieur d’un véhicule peut atteindre 47°C en moins de 30 minutes (source : Sécurité Routière).

Comment préparer et prévenir : le rôle de chacun

Le pire n’arrive pas “aux autres”. Mieux vaut donc anticiper. Quelques astuces qui font la différence :

  • Enregistrer dans son téléphone les numéros utiles (Samu, pompiers, contact proche).
  • Poser sur le réfrigérateur une liste de contacts d’urgence et d’allergies connues.
  • S’équiper à la maison d’une trousse de secours basique (compresses, désinfectant, pansement, ciseaux, couverture de survie).
  • Parler aux enfants (dès la maternelle) de l’importance d’alerter un adulte en cas de danger ou de malaise, et leur montrer comment composer le 15 ou le 112.

D’après une enquête Santé Publique France (2022), seulement un Français sur cinq connaît les principaux gestes de premiers secours. Pourtant, rares sont ceux qui ne souhaitent pas apprendre.

“On n’a pas besoin de tout savoir pour agir” : la force des gestes simples

Parfois, on se dit : “Je ne me souviendrai jamais de tout.” Mais, dans la vraie vie, ce sont les gestes les plus simples et les mieux compris qui changent la donne.

  • Faire de son mieux vaut mieux que de ne rien faire. Même un geste imparfait est souvent mieux que l’inaction.
  • Être guidé par les secours. Les opérateurs du 15 ou du 112 savent expliquer, pas à pas, quoi faire selon la situation.
  • Débriefer après coup. On apprend toujours d’une situation, même difficile. Et demander conseil ou retour d’expérience à un professionnel est normal.

Personne n’attend de vous que vous soyez un héros. Mais chaque pas vers ces réflexes solidaires rend la vie autour de vous plus sûre. Un adulte qui connaît les bases transmet, par l’exemple, confiance et sérénité à un enfant ou à un proche.

Pour aller plus loin : se former, partager, transmettre

  • Des associations comme la Croix-Rouge, la Protection Civile ou les pompiers proposent des formations sur tout le territoire. Un samedi matin, quelques heures suffisent pour s’exercer en condition réelle.
  • Beaucoup de communes, d’entreprises ou d’écoles organisent des ateliers gratuits ou à prix réduit lors de la “Journée des Gestes qui Sauvent” (renseignez-vous auprès de votre mairie).
  • Transmettre ces bases autour de soi, c’est semer une chaîne de protection solidaire.

Si vous avez lu jusqu’ici, vous avez déjà commencé à muscler votre aptitude à réagir de façon utile, humaine et adaptée. Nul besoin d’être médecin, pompier ou infirmière : on peut tous apprendre et, surtout, partager.

Pour approfondir : retrouvez sur l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) et sur le site de la Croix-Rouge les ressources illustrées et les chiffres sur les accidents de la vie courante. Parce que les gestes de vie, ce sont avant tout des gestes d’humains, pour les humains.

En savoir plus à ce sujet :