14/11/2025

Les bons réflexes pour sécuriser une victime avant d’agir

Protéger une victime : la première étape oubliée

Lorsqu’un accident arrive, on pense tout de suite à “ce que je dois faire”. Mais, trop souvent, on oublie l’essentiel : protéger la victime, et se protéger soi-même. C’est la base, pourtant. Si on se précipite, on risque d’aggraver la situation ou de se mettre en danger. Un chiffre marquant : selon Santé Publique France, près de 30 % des “suraccidents” surviennent parce que la zone n’a pas été sécurisée, ou parce qu’une personne tente d’aider sans évaluer les risques. Un “suraccident”, c’est un nouvel accident qui intervient alors que l’urgence n’est pas encore sous contrôle (source : Santé Publique France).

Pourquoi cette étape est cruciale

  • Préserver la vie : Si la situation est dangereuse (électricité, incendie, circulation), il vaut mieux perdre une minute à sécuriser que risquer d’y laisser sa peau.
  • Agir sans paniquer : Prendre le temps de protéger rassure – pour soi, et pour la victime.
  • Pouvoir aider… jusqu’au bout : On ne peut pas porter secours si on tombe à notre tour.

Les principales situations où protéger est la priorité

  • Accident de la route
  • Chute à la maison
  • Électrocution ou incendie domestique
  • Étouffement (en cuisine, cantine, barbecue…)
  • Sport collectif ou individuel (gymnase, terrain, piscine…)

Une histoire vécue : lors d’un match de basket scolaire, une adolescente glisse et tombe. Une camarade court pour l’aider – mais glisse aussi, et se blesse au poignet. Résultat : deux victimes, double panique. C’est typique : on veut bien faire… mais sans prendre le temps de regarder si la scène est sûre.

Première règle : On regarde, on réfléchit, puis on agit

Une maman m’a dit un jour : “J’ai plongé tête baissée pour attraper mon fils qui s’étouffait… et j’ai renversé la casserole d’eau bouillante en m’élançant !” Le réflexe, c’est vouloir bondir. La solution, c’est de prendre une seconde pour observer la scène.

  1. Évaluer les dangers : Y a-t-il un risque immédiat ? (feu, fumée, produits chimiques, circulation…)
  2. Se protéger : Gants si possible, mouchoir contre la bouche si émanation, couper le courant pour un danger électrique, etc.
  3. Sécuriser la zone : Demander aux gens de s’écarter (les “curieux”, les enfants), poser des objets pour baliser (chaises, sacs, plots…), couper la route si besoin (et possible !).
  4. Garantir sa propre sécurité : C’est légitime de se dire : “Je ne peux rien faire si je me blesse.”

Concrètement, comment protéger dans les situations du quotidien ?

1. Accident sur la route

  • Avant tout : Gilet jaune, triangle, feux de détresse. C’est obligatoire et vital (source : Sécurité Routière).
  • Approcher la scène après avoir vérifié que la circulation est stoppée autant que possible.
  • Faire sortir les enfants et les accompagner derrière la barrière de sécurité ou loin de la chaussée.
  • Ne jamais déplacer une victime sauf danger imminent (véhicule en feu…)

2. À la maison (chute, brûlure, électrocution)

  • Brûlure : Écarter la victime de la source (poêle, gaz), couper l’alimentation si besoin.
  • Électrocution : Ne pas toucher la victime avant d’avoir coupé le courant ! Utiliser un objet isolant (balai en bois…)
  • Chute : Ne pas soulever ou déplacer la personne si elle ne peut pas bouger ou se plaint de douleurs fortes, sauf danger (fumée…). Rassurer, bloquer l’accès aux enfants/animaux.

3. Cuisine, école, lieux publics

  • Étouffement : Vérifier que l’enfant ne risque pas de tomber d’un siège, écarter couverts/objets, faire dégager l’espace.
  • Évanouissement : Allonger la victime au sol, mettre à l’aise autour, retirer obstables, éviter la surchauffe (ouvrir une fenêtre si foule…)

Le triptyque sécurité des secouristes

On parle souvent du “Protéger, Alerter, Secourir”, le triptyque appris dans les premiers secours (source : Croix-Rouge française). C’est la feuille de route la plus simple et la plus efficace. On la décline souvent comme ça :

  • 1. Protéger : Soi, la victime, les personnes autour.
  • 2. Alerter : Prévenir les secours (le plus vite possible, mais après avoir sécurisé la scène).
  • 3. Secourir : Les gestes qui sauvent.

Tableau pratique : risques courants & gestes clés

Situation Gestes de base pour protéger À éviter absolument
Accident de la route Gilet, triangle, éloignement des enfants, éviter circulation Traverser sans regarder, déplacer une victime non menacée
Électrocution Couper courant, manipuler avec objet isolant Toucher directement la victime sans précaution
Brûlure Éloigner de la source, refroidir Retirer vêtements collés, poser de la glace
Chute/traumatisme Stabiliser, ne pas bouger la victime Soulever, donner à boire

Quelques idées reçues sur cette étape

  • “Un bon secouriste agit vite” : Oui, mais il prend le temps d’analyser d’abord.
  • “J’ai peur de déranger le 112 ou le 15” : Les secours préfèrent FAIRE venir, et décider ensuite si la scène est maîtrisée.
  • “On ne doit jamais toucher la victime” : C’est plus subtil : il faut protéger avant, toucher si la vie est menacée (danger imminent).

Seul ou à plusieurs : on se coordonne !

  • Il vaut mieux déléguer (“Toi, appelle !”, “Toi, bloque la porte !”) que tout faire en même temps.
  • Parler fort, clairement, et répéter les consignes aide tout le monde à rester calme.
  • Ne pas hésiter à demander de l’aide : même un adolescent, même un voisin, peut tenir à distance la foule ou guider les secours.

Le piège de l’adrénaline : respirer, regarder, décider

Quand une urgence arrive, le cœur s’accélère. Le cerveau passe en mode “réflexe”. C’est naturel. Mais c’est justement en respirant un grand coup, en observant la scène, qu’on sécurise tout le monde. Exemple vécu : lors d’un feu de friteuse dans une cuisine de collège, une animatrice a eu la bonne idée de faire sortir d’abord tout le monde, de fermer la porte, avant de lancer l’alarme incendie. Aucun blessé, situation maîtrisée, car elle a protégé avant d’agir.

Sources utiles pour aller plus loin

  • Santé Publique France (lien)
  • Sécurité Routière (lien)
  • Croix-Rouge Française (lien)
  • Prévention MAIF – chiffres sur les accidents domestiques

Ensemble, plus sereins face à l’inattendu

Savoir protéger une victime avant d’intervenir, c’est déjà agir. C’est éviter un second accident, garantir l’accès aux secours, et parfois, simplement rassurer la personne en détresse. Ce qu’on retient ?

  • On regarde avant de foncer.
  • On se protège.
  • On sécurise la zone.
  • Alors seulement, on porte secours.
Bravo si vous avez pris ces quelques minutes pour apprendre ou réviser les bases. Ce sont des réflexes à la portée de tous, et chaque nouveau réflexe acquis, c’est un pas de plus vers plus de sécurité autour de soi. Vous faites déjà une différence.

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